Evaluatrice du label Tourisme et Handicaps, muséologue, formatrice au FALC… Eloïse nous raconte son parcours et ses projets.

Ton activité en trois mots

Culture, émerveillement, autonomie.

A qui sont destinés tes services ?

Aux établissements culturels et touristiques pour les accompagner dans la mise en place les outils nécessaires pour accueillir tous les publics suivant le principe du Design For All.

Je travaille essentiellement dans la ré écriture de textes en Facile à Lire et à Comprendre (FALC) : portée par l’association européenne Inclusion Europe.

Cette méthode donne des règles de retranscription des textes dans une version plus facile afin de permettre la participation sociale des personnes déficientes intellectuelles. Toutefois, il a été constaté que l’adaptation de documents en FALC a fait ses preuves auprès d’un public beaucoup plus large, ayant des difficultés de lecture et de compréhension (personnes dyslexiques, ayant des troubles de la mémoire, personnes illettrées, personnes étrangères….).

Cette ré écriture se fait, quoi qu’il en soit, en lien avec des personnes handicapées mentales : c’est elles qui valident les textes rédigés et les choix iconographiques.

 Pourquoi es-tu devenue indépendante ?

Durant plusieurs années, j’ai travaillé comme attachée de conservation dans un musée associatif. J’ai pu toucher à tous les métiers : conservation préventive, montage et démontage d’expositions, rédaction d’articles, animations des réseaux sociaux…. Je m’épanouissais surtout dans la médiation, au contact des visiteurs. Ce qui me plaisait était de pouvoir trouver les mots / anecdotes permettant d’intéresser le public aux collections.

Etant parallèlement évaluatrice pour la marque Tourisme et Handicaps, j’ai choisi de mettre mes compétences de muséologue au service de ceux qui n’avaient pas accès aux musées.

« Créer des projets avec les personnes en situation de handicap est ambitieux et valorisant pour moi, mais surtout pour ces personnes avec qui je collabore. »

Co-animation avec l’Agence Adéquat – formation FALC pour la Ville d’Amiens

Pourquoi se diriger vers le milieu du handicap ?

Avant d’être salariée d’un musée, j’ai collaboré plusieurs mois avec l’association Personimages. Cette association propose des ateliers artistiques aux personnes déficientes intellectuelles. J’ai animé des ateliers de peinture réunissant des enfants et des adultes handicapés mentaux. J’ai ensuite commencé à monter des expositions et assuré des sensibilisations auprès d’adolescents pour parler du handicap.Par ailleurs, en accompagnant des groupes de l’association pour des visites au sein d’institutions muséales parisiennes, j’ai pu constater à quel point la déficience intellectuelle était méconnue. Cette expérience, je la dois entre autres à Marie-Alix Palitzyne, Bénédicte de Maleprade, Françoise Daniel et Sophie Casalis.

« Grâce à cette expérience formidable, j’ai fait le choix de m’impliquer auprès de Tourisme et Handicaps, avant de me lancer à mon compte. »

 Qu’as-tu appris depuis que tu es entrepreneure ?

Il est clair qu’être à son compte implique un travail plus important, ne serait-ce que pour trouver de nouveaux clients et partenaires.

« Cela nécessite de la persévérance et beaucoup de patience. »

Je retire un réel plaisir à me rendre en atelier (ESAT, CAJ, foyer de vie) toutes les semaines et à entendre les adultes présents dire qu’ils sont heureux d’y participer, que grâce à ces ateliers ils développent leur mémoire, apprennent de nouvelles choses. Et puis, l’on constate que, doucement, ils s’améliorent aussi en lecture.Quel bonheur de lire le mail d’une maman m’expliquant que sa fille Audrey prend confiance en elle et s’affirme de plus en plus depuis que nous collaborons sur différents projets de ré écriture et de relecture.

Gratifiant et encourageant, cela me conforte réellement sur le fait que ces adultes « différents » ont grand intérêt au monde qui nous entoure et aux petites « histoires » du passé.

Il faut continuer à impliquer les institutions culturelles et touristiques dans ces projets d’adaptations. N’est-ce pas, d’ailleurs, le rôle premier des musées d’assurer l’égal accès de tous à la culture ?


Source : Eloïse Auffret-Novice

 Quels sont tes rêves ou envies pour la suite de ton projet  entrepreneurial ?

Je souhaiterai faire connaître la valeur des personnes en situation de handicap et contribuer, à mon niveau, à permettre l’inclusion sociale. On considère encore, trop souvent, que les personnes handicapées mentales sont des enfants, même à l’âge adulte.

Beaucoup de personnes craignent d’être à leur contact. Récemment, lors d’une formation que j’assurais, une dame me disait ne pas vouloir travailler seule avec une personne handicapée : elle craignait d’éventuelles crises.

Pourtant, après avoir travaillé en groupe mixte (personnes valides et en situation de handicap), elle est revenue sur ses propos. Elle a estimé que ce moment d’échanges avait été très enrichissant et lui avait permis d’avoir un nouveau regard sur cette population.

Si tu étais une personne célèbre ou un personnage de  fiction, ce serait ?

Peut-être Eunice Kennedy Shriver…

J’ai découvert l’ensemble de son engagement pour les personnes en situation de handicap mental. Elle a impulsé un élan pour faire changer le regard aux Etats-Unis.

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