On vous parle souvent ici d’accessibilité, d’accès à l’information pour les personnes en situation de handicap. Si on parlait cette fois-ci d’inclusion et de diversité ? L’inclusion concerne les personnes en situation de handicap, mais pas que. On parle aussi d’inclusion et de genre, de culture, de langue, de religion, d’orientation sexuelle, etc.
Qu’entend-on par inclusion ? Pourquoi communiquer sur la diversité ?
Comment communiquer sur la diversité sans entretenir des stéréotypes ? De quels outils disposons-nous ?
Emoji de l’artiste O’Plérou
Qu’est ce que l’inclusion ?
« L’inclusion désigne la capacité de participation d’un individu dans une sphère sociale, un lieu, un collectif. En ce sens, une société inclusive, une institution inclusive ou une pratique inclusive mettent des choses en place pour ne pas laisser des individus exclus. » Antoine Printz, chercheur en sociologie.
L’inclusion prend en compte la diversité de chaque individu. Aussi, nous pouvons rappeler que :
- Une personne n’est pas identique à une autre personne : homme, femme, enfant, grand, petit, debout, assis…
- Une personne ne reste pas identique à elle-même dans le temps : enfance, adolescence, âge adulte, grand âge, accident de la vie, maladie, grossesse…
Des critères de différenciation
La loi française identifie 26 critères de différenciation répréhensibles en cas de discrimination. Ils peuvent se catégoriser dans 4 grandes familles :
- L’apparence : La génération, l’âge, la tenue vestimentaire, le poids, la taille, la couleur des cheveux, les origines ethniques…
- Le sexe / le genre : l’identité de genre (femmes, personnes non-binaires, transgenre, transexuels, intersexes, queer), l’orientation sexuelle (homosexuels, bi-sexuels, asexuels, pansexuels, queer.)
- Les capacités : le handicap, l’état de santé (maladies chroniques), les neurodivergences, gaucher / droitier, la grossesse, la perte d’autonomie…
- Le culturel : l’appartenance religieuse, les origines ethniques, la nationalité, le milieu social, les capacités financières, les revenus, le lieu d’habitation, le pays d’origine, la langue, le style de vie, les opinions politiques ou philosophiques, la situation de famille, le nom de famille…
La représentation et la représentativité de la diversité
Dans une société de l’image comme la notre, les représentations graphiques et visuelles sont partout, tout le temps. Réseaux sociaux, publicité, site internet, affiche, brochure… L’objectif de ces supports est de capter l’attention et de faire passer un message.
Mais chacun, chacune d’entre nous se reconnait dans ces représentations ? Si nous ne nous sentons pas représentés, est-ce que nous nous sentons concernés ? Comment représenter visuellement la diversité ?
Si on parle de diversité dans la communication, nous pouvons évoquer deux notions : la représentation et la représentativité.
La représentation
Rendre visibles, donner à voir les utilisateurs dans leur « diversité ». Les personnes sont choisies justement parce qu’elles sont considérées comme « incarnant » une certaine diversité.
Mettre en avant la diversité implique une prise en compte des différences. Cette représentation peut néanmoins contribuer à renforcer les catégorisations et stéréotypes. Elle implique de seulement représenter des catégories correspondant à des signes visibles et, par conséquent, de réduire les individus à des représentants de ces catégories essentielles.
Il est donc important lors de la conception de se poser la question de la cible à laquelle on s’adresse et du message que l’on souhaite faire message.
La neutralité
Une autre méthode consiste à rester neutre. Ainsi, la règle de la prévalence du masculin ne s’applique pas. Dans une société en grande partie dirigée par des hommes, la neutralité est souvent incarnée par le masculin.
Une alternative consiste non pas à représenter la diversité, mais à montrer la « non-diversité ». Il s’agit donc de représentations de protagonistes qui se ressemblent tous. Le meilleur exemple reste aujourd’hui les premières emojis (ou smiley) jaunes non genrés, non racialisés.
La représentativité
Il s’agit d’un panel constitué de façon à correspondre à la population dont il est extrait. Par exemple : on peut estimer qu’un homme ne sera pas représentatif d’un collectif de sages-femmes, car la grande majorité de ces professionnelles sont des femmes.
Et vous, comment intégrez-vous la diversité dans vos supports de communication ?
Des exemples ?
La Ville de Genève
Depuis 2020, pour accroître la visibilité des femmes dans l’espace public, la ville change 250 panneaux signalant des passages pour piétons.
Une déclinaison de six pictogrammes féminisés couvre la moitié des panneaux où étaient représentés des personnages masculins.
Une campagne contre les stéréotypes
L’agence d’interim ADIA lance, en 2003, une campagne d’affichage avec le slogan « Ne vous fiez pas aux apparences, fiez-vous aux compétences ». Un peu provocatrice, cette campagne a pour objectif de bousculer les aprioris dans les processus de recrutement.
Nos sources et inspirations :
Communiquer sur la diversité ? Aude Seurrat – Marc Rivault. 2018 – Collection Décrypter
Pictogramme, produit de l’universalisme. Mémoire de l’étudiante Lauryn Roch. Dn Made Designer typographe 2023
L’« inclusion », une porte ouverte sur les entraves et les hiérarchies sociales. Article du Monde – Par Marion Dupont. 20 septembre 2023